Retour au sommaire

Le concept de réseau 

Réseau et organisation

Le réseau organise. Il distingue des points singuliers, des éléments différenciables, des lieux divers, selon des règles qui sont les siennes.

Mais si le réseau est organisateur par rapport au chaos, il s'oppose à toute structure.

La structure, même abstraite, tend à solidifier. Le réseau n'est tel que s'il comporte suffisamment de fluidité, de flexibilité.

Le réseau est d'abord organisation des différences. Il « formate » des nœuds entre lesquels il étend ses lignes.

Il crée aussitôt des liens entre ce qu'il a différencié.

Dans le domaine des sciences sociales, on peut aussi opposer l'organisation en réseau à l'atomisation.

Le réseau fait émerger de l'anonymat des individus qui ont entre eux certaines affinités.

Réseau et système

La différence entre réseau et système, lorsqu'elle existe, n'est pas essentielle. Elle résulte d'un changement de perspective. Le système peut être vu plutôt de façon structurelle comme un ensemble d'éléments en interaction ou plutôt de façon fonctionnelle comme une entité en relation limitée avec un environnement.

La similitude du réseau et du système apparaît particulièrement lorsque la régulation est diachronique. Le réseau s'étend, se connecte, s'interconnecte avec d'autres réseaux, se complexifie en réponse à l'évolution des intrants. Mais cette évolution n'est pas prolifération. Des mécanismes de régulation interviennent pour en faire une adaptation qui, comme pour un système, maintient la cohérence du réseau. De nombreux modèles morphologiques ont été proposés pour expliquer la croissance des réseaux. Les plus récents, concernant par exemple les réseaux d'assainissement urbain, font appel au concept de fractale. Il est particulièrement clair dans ce cas que la croissance du réseau implique selon le modèle d'évolution systémique une régulation. Celle-ci n'autorise l'extension du réseau que selon des lois d'homothétie particulières, garantissant pour une échelle spatio-temporelle le maintien d'un certain degré de connectivité. Finalement, par rapport à des formes plus classiques, le réseau apparaît comme un mode d'organisation coopératif, adaptatif et évolutif impliquant de nouveaux rapports collectifs entre acteurs (s'il en comporte) et de nouveaux rapports à l'espace et au temps.  

Réseau et connexions 

Le pouvoir organisateur du réseau n'est donc pas du côté de la structure. Il est d'abord du côté de la différenciation. Mais, en même temps, le réseau organise en connectant. La connexité est la vraie nature du réseau. Il en tire toute sa puissance d'organisation.

Il s'agit de cette capacité du réseau de réaliser un grand nombre de liaisons, fussent-elles éphémères, entre les éléments, les points qui en font partie. Dans l'organisation du réseau règnent des mailles, des boucles, des redondances de toutes sortes.

Lorsque sa gestion se collectivise, le réseau perd de vue &endash; au moins en partie &endash; la richesse des différences, des liens qu'il pourrait établir et qui fondent son pouvoir d'organisation. On comprend mieux pourquoi l'organisation en réseau peut être objet de controverse, non dans l'idéal, mais dans des réalisations concrètes qui concernent des acteurs sociaux, usagers ou gestionnaires du réseau. On comprend aussi pourquoi les « recettes » et savoir-faire de cette gestion collective en réseau font l'objet chez les grands exploitants de réseaux territoriaux de stratégies patrimoniales qui privilégient parfois l'extension et l'interconnexion des réseaux, parfois le maintien de petits réseaux « locaux », selon que l'on met l'accent sur la collectivisation (comme pour l'électricité) ou sur une gestion fine des différences (comme pour l'eau).

Retour au sommaire