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La perspective psychanalytique
La psychanalyse est applicable à la vie collective, ainsi que Freud en a donné des exemples dans :
- dans Totem et tabou (1913),- dans Psychologie collective et analyse du moi (1921),
- dans Malaise dans la civilisation (1930).
L'apport essentiel de Freud réside dans un mythe qu'il a inventé et qui, depuis lors, s'est révélé être toujours présent, à un moment ou à un autre, dans les petits groupes comme dans les grandes collectivités.
À l'origine aurait existé la horde primitive, dirigée par le "Vieux", figuration de l'omnipotence narcissique individuelle, tyran brutal qui se réservait la possession des femelles et chassait ses fils en âge de devenir ses rivaux.
Les frères s'unissent un jour pour procéder ensemble au meurtre du père et au festin où ils se partagent son corps.
Cette communion totémique réalise l'identification au père mort, redouté et admiré, c'est-à-dire devenu la loi symbolique.
Cette identification et l'accès à la loi fondent la société comme telle, avec sa morale, ses institutions, sa culture.
Les deux premiers tabous :
- ne pas tuer le totem (substitut du père),
- ne pas se marier avec des parentes (tabou de l'inceste) constituent la transposition sociale du complexe d'dipe.
Le meurtre du père fondateur est un travail psychique interne que tout groupe a à effectuer sur le plan symbolique (et quelquefois sur le plan réel) pour accéder à sa propre souveraineté et devenir son propre législateur.
Freud a également décrit l'"illusion", partagée par les membres d'un groupe ou d'une collectivité, d'être aimés d'un amour égal par un père ou un chef idéal.
Les psychanalystes anglais d'inspiration kleinienne généralisent la distinction, bien vue par Freud, des processus psychiques primaires et secondaires.
W. R. Bion montre qu'une réunion n'arrive pas à fonctionner comme groupe de travail tant que n'a pas été élucidé le "présupposé de base" sous-jacent ; selon Bion, les trois "présupposés de base" primaires propres à l'inconscient des groupes seraient la dépendance, la formation d'un couple et la dialectique attaque-fuite.
La dynamique d'un groupe consiste dans l'instauration de cette tension ou dans les mécanismes de défense qui l'empêchent.
Les interprétations du psychanalyste portent uniquement sur l'"ici" et le "maintenant" et visent le "dénominateur commun des fantasmes inconscients" des membres du groupe.
E. Jaques, à l'occasion d'une intervention dans une entreprise industrielle, découvre que les institutions remplissent une fonction de défense contre les angoisses archaïques de persécution et de dépression.